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Les journalistes, bons en sciences mais critiques

Les journalistes sont meilleurs que la moyenne en termes de connaissances scientifiques. Photo: (Photo Métro Média - Archives)

RAPPORT. Dans leur enquête dressant le portrait des connaissances scientifiques auprès des journalistes ainsi que la représentation que ceux-ci s’en font, les professeurs et chercheurs Yves Gingras, Jean-Hugues Roy, Kristoff Tallin et Caroline Saint-Louis ont pu mettre en évidence le bon niveau de connaissances scientifiques des 838 artisans de l’information qui ont répondu au questionnaire. L’enquête conclut aussi que si les journalistes sont bons en science, ils gardent cependant une distance critique envers les sujets scientifiques, comme n’importe quel sujet qu’ils ont à traiter.

«Ce qui m’a rassuré, c’est que malgré l’idée reçue que les journalistes sont des “spécialistes de rien, pas très scientifiques “, les résultats montrent que ce n’est pas exact et qu’ils ne sont pas aussi mauvais que certains experts peuvent penser», se réjouit Jean-Hugues Roy, professeur au programme de journalisme de l’École des médias de l’UQAM et membre associé du Centre interuniversitaire de recherche sur la science et la technologie. Ce bon niveau de connaissances scientifiques s’explique probablement par un niveau académique plus élevé que la moyenne de la population, peut-on lire dans le rapport.

L’enquête visait à obtenir une vision claire de la science telle qu’elle est perçue par les journalistes. Un élément qui a étonné Jean-Hugues Roy est le fait que parmi les personnes interrogées, certains envisagent l’astrologie et l’homéopathie comme des sciences, alors que ce n’en sont pas. Auraient-ils lu trop vite et confondu astrologie avec astronomie? C’est une piste avancée par l’équipe de recherche. «Ce n’est pas le cas pour l’homéopathie en revanche», modère le scientifique.

La science en temps de pandémie

Le questionnaire a été envoyé aux journalistes au début de la pandémie, à un moment où la science et les décisions basées sur celle-ci prenaient toute la place malgré le peu d’informations disponibles sur le nouveau virus. Il ressort de l’étude que les professionnels des médias sont préoccupés par le financement privé de la recherche et la neutralité des travaux. «Il est vrai que parfois, la science peut sembler se contredire. Est-ce que cette étude est parue dans une revue scientifique et a été révisée par les pairs? Peuvent par exemple se questionner les journalistes avant d’interroger la source de l’étude. Il faut avoir le même réflexe qu’on a pour toutes informations, vérifier les intérêts et remonter aux sources», conseille le professeur.

Rétablir le lien de confiance

Pour certains, le lien de confiance est rompu entre la population et les médias, tout comme entre la population et la science. «Je suis préoccupé par cette confiance. Il faut continuer à faire du bon travail et être transparent dans sa démarche. La transparence devrait donner cette confiance», résume le chercheur qui établit un parallèle entre la démarche rigoureuse et transparente des scientifiques et des journalistes. Il aimerait refaire l’étude d’ici cinq ans, afin de voir si les résultats ont changé.

-81%
-C’est la moyenne obtenue par les répondants aux questions de connaissances scientifiques. En 2005, dans l’Union européenne, les citoyens obtenaient au même test une moyenne de 63%.

 

 

 

 

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