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Le centre de tri de Québec vise la responsabilisation citoyenne

DOSSIER. En 2018, le centre de tri de Québec a reçu 62 000 tonnes de matières à recycler. Avec un taux de rejet de 3% à 4%, l’infrastructure se classe parmi les plus avancés de la province. Cependant, pour atteindre l’objectif ambitieux de valoriser 82% de toutes les matières produites d’ici 10 ans, la Ville a du chemin à faire pour améliorer son score actuel de 55%.

Le fonctionnement du centre de tri s’appuie sur un système de responsabilité élargie. Celui-ci appartient à la Ville de Québec et l’organisme sans but lucratif VIA l’opère. Il a été créé en 1994, agrandi en 2004. Depuis 2014, plus de 25M$ ont été investis dans l’infrastructure qui gère 62 000 tonnes de matières recyclables par année.

Fin septembre, le centre s’est doté de six trieuses optiques, qui permettront d’augmenter ses revenus et d’avantager la position de la Ville parmi les vendeurs de matières. Selon Mathieu Fournier, chef d’équipe de la Division des matières résiduelles de la Ville de Québec, ces équipements ne remplaceront pas les humains, qui effectuent 15% du tri.

«Ceux qui paient pour le tri, le conditionnement, le transport et la collecte des matières recyclables, ce sont ceux qui mettent en marché les produits au Québec. Selon la recyclabilité et le volume, ils paient un écofrais. Cet argent, c’est 150 M$ par année. Ensuite, Recyc-Québec redonne aux villes selon leur performance», explique Matthieu Fournier.

La Ville de Québec exporte 27% des matières recyclés, c’est donc un taux de 73% qui est utilisé ensuite localement.

Recycler, est-ce que ça vaut vraiment la peine?

«Sur chaque dollar dépensé en collecte, en transport, en tri et conditionnement, 96 sous sont retournés. On paie donc quatre sous. L’autre option, c’est de prendre la feuille de papier et la mettre dans la poubelle direction l’incinérateur. Là-bas, on produit de la cendre, on va la démétaliser chez AIM à Lévis. Ensuite, on l’envoie au site d’enfouissement de Saint-Tite. On a donc trois infrastructures pour ce qui aurait pu aller au centre de tri. Ça coûte 18 fois plus cher à la communauté de Québec sur le compte de taxe de traiter une matière recyclable comme un déchet à l’incinérateur plutôt que dans le bac bleu», résume-t-il.

Appel à être de bons élèves

Faut-il rincer le contenant de beurre d’arachides? «Idéalement, grossièrement. On tolère un film huileux. On enlève les morceaux de nourriture», rappelle M. Fournier. Le chef indique qu’il faut démanteler aussi le plus possible car on ne met pas plusieurs matières ensemble. «Par exemple, on enlève l’anse du casseau de fraises».

En gros, le centre de tri accepte les contenants, les imprimés et l’emballage. «Généralement si ça vient du cabanon ou de la cour, ça ne va pas là», réitère le spécialiste qui se retrouve chaque jour avec des briques et des pierres. «On doit développer des réflexes. Les gens sont responsables de leur matière. Ils veulent être rassurés sur la pertinence de le faire», évoque Mireille Plamondon, porte-parole en matière d’environnement qui rappelle qu’en cas de doute, on peut consulter le Guide du tri, disponible sur le site de la Ville.

Parmi les pires matières non désirées, on trouve tous les corps linéaires, les boyaux d’arrosage, les cordes à linge qui font arrêter les machines et qui coûtent cher à la municipalité.

«Les gens font bien les choses. Ce qu’il faut, c’est aller chercher plus de gens», croit Mme Plamondon. «On reçoit encore beaucoup trop de matières recyclables à l’incinérateur. Les commerces, les milieux de travail doivent s’équiper», remarque M. Fournier.

Une notion de sécurité

Le tri se fait à 15% par des humains, la sécurité des travailleurs est donc en jeu. «Des munitions, même si elles sont vides, on n’en veut pas au centre de tri. En théorie, elles sont toutes vides, mais on a des explosions, des étincelles, on a eu des feux d’artifices y a deux ans», se désole le chef d’équipe.

 

 

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