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Crise au Venezuela: les quatre minutes d’enfer de Claudia Delgado

Claudia Delgado entourée de toute sa famille lors d'une journée plus heureuse. (Photo gracieuseté) Photo:

IMMIGRATION. Le Venezuela est en crise avec près de deux millions de Vénézuéliens qui se seraient réfugiés en Colombie. Les choses semblent être encore pires depuis que Juan Guaido s’est autoproclamé président intérimaire. Avec ses parents prisonniers du pays en crise, Claudia Delgado pensait avoir atteint le fond du baril jusqu’à ce que le gouvernement en rajoute avec un nouveau système de parrainage.

Claudia Delgado explique brièvement ce que donne le parrainage. «Il permet à la personne choisie de pouvoir parrainer un parent ou un grand-parent afin que celui-ci puisse commencer le processus canadien d’immigration. La personne, qui se porte garante, accepte de prendre en charge financièrement les demandeurs pour une période de deux ans. Le parrainage permet aussi la visite au Canada des futurs immigrants.»

Jesus et Atala Delgado lors d’une visite à Québec. (Photo gracieuseté)

Elle essaie depuis plusieurs années de faire entrer ses parents dans le processus, qui survient une fois par an, mais les choses ne sont pas aussi simples que ça. «Il faut être choisi et avant cette année, cela fonctionnait par tirage au sort. L’an dernier, sur environ 93 000 demandes, il y a eu 20 000 acceptations. Le système était critiqué et le gouvernement a procédé à des changements pour en venir au principe du premier arrivé, premier servi. Le 11 janvier, le ministère de l’Immigration a donné la date choisie pour l’évènement et une procédure à suivre lors de cette journée.»

La journée sélectionnée était le 28 janvier à midi. Évidemment, Claudia Delgado, cette Vénézuélienne qui vit au Québec depuis 1997, était prête. «Dès que midi a sonné, je me suis dépêchée à parcourir le site et faire une demande pour remplir le formulaire. J’ai réussi à avoir le formulaire, ce qui semble un exploit en lisant les commentaires de la page Facebook du ministère, je l’ai rempli en quatre minutes et je l’ai envoyé pour recevoir un message d’erreur. J’ai refait l’envoi pour recevoir plusieurs nouveaux messages d’erreur et à 12h09, il y avait un message pour dire que c’était terminé. J’ai deux mots pour résumer ce nouveau processus: cruel et inhumain. Ce n’est pas des billets de concert pour Metallica qu’on vient chercher ici, mais bien l’amélioration de vies humaines! Je ne peux pas croire que tout le principe revient à une course contre la montre sur le web», explique celle qui ne cachait pas son amère déception envers le procédé.

On peut affirmer que l’ancien système offrait au moins une chance égalitaire pour tous. «C’est vrai, mais je crois qu’il devrait y avoir certains pays priorisés dans ce genre de processus. La situation au Venezuela est urgente et je crois qu’il devient impératif d’en faire une mission humanitaire. Ce n’est pas toutes les situations qui sont aussi critiques à travers le monde. J’ai de la difficulté à croire que cela va maintenant aller à l’année prochaine.»

Ce n’est pas des billets de concert pour Metallica qu’on vient chercher ici, mais bien l’amélioration de vies humaines!

– Claudia Delgado

Réponse officielle

Questionné quant aux ratées du système de parrainage, l’attaché de presse du bureau du ministre de l’Immigration, Réfugiés et Citoyenneté canadienne (IRCC), Mathieu Genest, a fait parvenir une déclaration officielle. «La réunification des familles est importante et c’est pour cela que nous avons fait passer le nombre d’applications de 5000 à 20 000. Après une consultation avec les Canadiens, nous avons choisi de délaisser le système au hasard pour le système en ligne actuel. Le système était capable de gérer le volume et une analyse initiale démontre qu’il n’y a eu aucun problème technique lors de l’ouverture du formulaire et que nous avons reçu le nombre maximal de soumissions pour 2019. Nous pouvons confirmer que plus de 100 000 personnes ont tenté d’accéder au formulaire de demande de parrainage.»

Plusieurs commentaires négatifs

Sur la page Facebook du IRCC, il y avait déjà 350 commentaires, dont la majorité déplorait une mauvaise gestion du traitement des demandes seulement neuf heures après la publication du IRCC sur le processus du parrainage. Claudia Delgado affirme avec conviction avoir reçu un message du IRCC durant le processus qui déclarait y avoir eu un problème.

Barricadés à la maison

Pour les parents de Claudia Delgado, la situation devient très complexe, car des problèmes de santé du paternel empêche le couple de penser à faire un voyage jusqu’à la frontière et de traverser le pont Simon Bolivar pour arriver en Colombie. «La situation est tellement chaotique que mon père Jesus et ma mère Atala doivent rester à la maison. Ils ont des vivres, mais ils devront sortir tôt ou tard pour faire un ravitaillement et les rues sont dangereuses même en plein jour. Je m’en fais beaucoup pour eux. Cependant, nous avons parlé par Skype récemment et pour l’instant tout va bien.»

Claudia Delgado assure que ce message est apparu lors de sa demande. (Photo gracieuseté)
Un message que plusieurs usagers ont vu après seulement quelques minutes sur le site du ministère de l’Immigration. (Photo gracieuseté)

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