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L’analphabétisme ou le mal des mots

Richard Dallaire (à droite), coordonnateur de l’organisme en compagnie d’une partie des personnes inscrites au programme d’alphabétisation. Photo: (Photo Métro Média - Alain Couillard)

ÉDUCATION. Seize membres d’Alphabeille Vanier, un organisme d’alphabétisation populaire qui existe depuis 1988, ont collaboré à l’écriture du livre intitulé: La traversée, il n’y a pas d’âge pour apprendre. Le message est simple pour chacun d’eux: savoir lire représente la liberté, le plaisir de communiquer et vivre en étant autonome.

Jacques Morency, Monique Lescarbeau et Marcel Fortier ont collaboré à la rédaction du livre:. (Photo Métro Média – Alain Couillard)

Richard Dallaire, coordonnateur de l’organisme, indique que ce sont les gens qui côtoient des personnes analphabètes qui doivent les inviter à s’inscrire. Monique Lescarbeau, Marcel Fortier et Jacques Morency témoignent de cette nouvelle vie que leur a apportée la découverte de la langue écrite et parlée. «C’est mon garçon qui m’a trouvé Alphabeille et je me suis inscrite il y a quatre ans. Lorsque mon petit-fils, qui était en première année, m’a vue apprendre à lire, cela l’a encouragé.»

Marcel Fortier, qui a aujourd’hui 53 ans, est inscrit depuis six ans. Il se souvient qu’il racontait une histoire à ses petits-enfants à partir d’images. «Il y en avait toujours qui

me disait: ce n’est pas ça que maman nous lit.» Sa difficulté à lire et à écrire a fait en sorte qu’il n’a pu obtenir ses cartes professionnelles de ferblantier. «Je ne pouvais pas passer mes examens pour devenir compagnon et pourtant mon travail était impeccable.»

Monique Lescarbeau avoue s’être toujours débrouillée. «C’est certain que je ne le criais pas à tout le monde, mais je demandais de l’aide lorsque cela devenait nécessaire.» Elle a même implanté un syndicat dans un hôtel sans savoir lire ni écrire. «Je faisais signer les formulaires, mais il est arrivé un moment où je ne pouvais plus rien faire. On a trouvé ça dommage que je ne puisse devenir la présidente.» À 69 ans, elle découvre chaque jour un mot ou une phrase qui fait son bonheur.

Les nouvelles technologies amènent des difficultés supplémentaires et certains métiers sont aujourd’hui de plus en plus d’exigences.
-Richard Dallaire

Jacques Morency, 57 ans, concède avoir encore de la difficulté à écrire et parfois à comprendre ce que signifient certains mots. «Moi je veux apprendre pour pouvoir écrire à mes parents. C’est ce qui me motive.» Il souhaite, un jour, pouvoir utiliser davantage le transport en commun sans difficulté. Le coordonnateur souligne que tout se déroule dans un

Monique Lescarbeau apprécie chaque jour où elle apprend un mot.

climat familial. «Ils viennent ici à leur rythme. On est mal défini par le mot analphabétisme, car les gens s’imaginent une personne qui ne connaît pas les lettres de son alphabet. Toute personne peut venir pour une révision. Quelqu’un qui sait lire, mais qui a de la difficulté à écrire peut venir à Alphabeille.»

 

Implication dans le milieu

Lutter contre l’alphabétisation ce n’est pas seulement apprendre à lire et à écrire, rappelle Richard Dallaire. «Il y a divers niveaux d’alphabétisme. Dans le secteur Vanier, il pourrait représenter 20% environ de la population tout en ajoutant que 50% de la population détient un diplôme d’étude secondaire et l’autre ne l’a pas. On le sait qu’il y a beaucoup de personnes qui ont de la difficulté avec l’écrit dans Vanier.»

L’organisme, soutenu financièrement par le ministère de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur, emploie quatre personnes, dont trois professeurs. Seize adultes sont inscrits au programme d’alphabétisation alors que 51 autres suivent une formation en informatique.

Richard Dallaire précise qu’un premier livre, réalisé en 2013 par 13 personnes en démarche d’alphabétisation, s’intitulait: Foncer pour mieux comprendre. «Chacun des participants relatait les raisons pour lesquelles il s’était inscrit au programme une fois adulte. Cette fois, on a demandé qu’est-ce qui avait changé dans leur vie depuis leur participation au programme.»

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